Comprendre simplement la grille de vétusté et son utilité

Retenir une partie du dépôt de garantie d’un locataire sortant : le droit existe, mais il n’est pas sans règle. Impossible de tout faire reposer sur les épaules du locataire. Ce fameux tableau de vétusté, loin d’être un simple accessoire administratif, sert à chiffrer la durée de vie théorique de chaque recoin du logement. Pour chaque réparation, la loi Alur tranche : si le dommage survient par l’usage quotidien, c’est au locataire d’assumer. Si le temps a fait son œuvre, la charge revient au propriétaire. E-Gérance oriente vers la fameuse grille Alur, celle qu’on oublie parfois, mais qui change la donne.

Voici ce que ce dossier éclaire :

  • Comprendre le fonctionnement précis de la grille de vétusté
  • Illustrer son usage avec un exemple concret
  • Proposer des conseils pour mieux anticiper les éventuels désaccords sur les réparations

Qu’est-ce qu’une grille de vétusté selon la loi Alur ?

Dans un logement, chaque élément a sa propre ligne de vie. Un évier de cuisine dure plus longtemps qu’une pommeau de douche, plus exposé à l’usure. Ce tableau de vétusté permet d’objectiver la durée de vie de chaque composant, pour distinguer ce qui relève de l’usage normal du logement.

À quoi sert cette fameuse grille ?

Depuis 2014, l’état des lieux de sortie doit s’effectuer dans le respect de la loi Alur. Ce moment de vérité permet au locataire et au propriétaire de constater ensemble l’état du logement et ses équipements. Si une dégradation apparaît, il s’agit de déterminer sa cause : usage normal ou accident ? Voilà tout l’intérêt de se référer à une grille de vétusté.

Un outil d’arbitrage en cas de désaccord

La loi Alur a voulu faire de la grille de vétusté une sorte d’arbitre neutre. Lorsqu’un désaccord surgit sur la prise en charge des réparations, il suffit de consulter la grille annexée au bail. Prenons un cas concret : lors de la signature, la grille indique que la douche a une durée de vie de 15 ans. Au départ du locataire, des traces d’usure sont constatées. On regarde l’âge de l’installation : si la douche a 16 ans, le propriétaire doit prendre en charge les travaux. Si elle n’en a que 10, le locataire reste redevable. Simple, mais redoutablement efficace.

La mise en place concrète de la grille de vétusté

La loi Alur n’impose pas la présence d’une telle grille. Son annexion au bail repose sur l’accord du propriétaire et du locataire, ni plus, ni moins. Autre point à noter : il n’existe pas de modèle officiel. Chaque propriétaire peut proposer sa version, à condition d’obtenir le feu vert du locataire. Si la négociation est menée intelligemment, cet outil apaise bien des tensions et préserve la relation bailleur-locataire.

Voici un exemple de grille de vétusté couramment utilisée :

Catégorie d’équipement

Franchise

Durée de vie

Dépréciation annuelle

Part résiduelle

Peinture, Papier

2 ans

7 ans

18%

10%

Moquette

2 ans

7 ans

18%

10%

Parquet, Carrelage

5 ans

25 ans

4%

20%

Revêtement plastique

3 ans

10 ans

11%

20%

Faïence murale

10 ans

20 ans

8%

20%

Menuiserie intérieure

5 ans

20 ans

6%

15%

Serrurerie, quincaillerie

2 ans

10 ans

11%

15%

Robinetterie

5 ans

15 ans

9%

15%

Plomberie

5 ans

15 ans

9%

15%

Sanitaires

7 ans

20 ans

6%

20%

Chauffe-eau

3 ans

10 ans

12%

15%

Chaudière

3 ans

15 ans

7%

15%

Ballon d’eau chaude

3 ans

10 ans

12%

15%

Volets PVC ou bois

5 ans

15 ans

8%

20%

Volets métalliques

5 ans

20 ans

5%

20%

Volets battants

3 ans

15 ans

8%

10%

Convecteurs électriques

3 ans

10 ans

12%

15%

Radiateurs

5 ans

20 ans

6%

10%

Commandes de chauffage

2 ans

10 ans

11%

10%

Pour illustrer, prenons le cas d’une moquette :
  • Si la moquette est remplacée dans les 2 premières années et qu’elle est détériorée, le locataire prend en charge l’intégralité du remplacement.
  • Pour une moquette posée depuis plus de 5 ans, le locataire bénéficie d’une réduction calculée sur trois ans (5 ans – 2 ans de franchise), ce qui revient à : 3 x 18 % = 54 %. Le locataire ne prend donc en charge que 46 % du coût total.
  • Dès que la moquette a plus de 7 ans, la part à la charge du locataire tombe à 10 % du montant de la remise à neuf.

Comment anticiper et apaiser les discussions sur les réparations locatives ?

Pour que la relation reste saine entre propriétaire et locataire, il vaut mieux préciser sans ambiguïté les obligations de chacun dans le bail.

Les engagements du propriétaire

Le bailleur a le devoir de mettre à disposition un logement décent, respectant toutes les règles de sécurité et les normes minimales d’habitabilité. Il doit également veiller à l’entretien du logement et réaliser les travaux nécessaires pour le maintenir en bon état.

Ce qui incombe au locataire

Le locataire doit assumer les réparations locatives liées à un usage non conforme ou à des dégradations de son fait. Il s’occupe aussi de l’entretien courant et des petites réparations tout au long de la location. En revanche, il n’a pas à payer les travaux dus à l’usure normale ou à l’ancienneté des équipements.

La grille de vétusté, si elle n’est pas obligatoire, se révèle un levier précieux pour éviter les tensions et clarifier les responsabilités. Elle rappelle, chiffres à l’appui, que chaque chose a son temps et que le droit, parfois, sait reconnaître la part du temps qui passe. Reste à chaque duo propriétaire-locataire de jouer la carte du dialogue pour traverser sans heurts la dernière étape du bail.

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